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Chroniques d'une jeune agrégé
en stage
"Lauréate: parce qu'elle le
vaut bien!"
Chers
visiteurs, je vous présente Cécile Rossignol, qui vient d'être reçue au
CAPES et à l'agrégation d'anglais, et qui va, tout au long de l'année à
venir, nous faire part de son expérience en stage, de ses découvertes,
surprises, joies, déceptions etc...
Vous
pourrez lire ci-dessous des chroniques dont la fréquence dépend de
l'actualité, et vous pourrez y réagir en lui envoyant un email.
Je
vous invite donc à suivre son parcours, et à l'aider, et donc à aider tous
nos lecteurs stagiaires (cette année ou dans le futur). La découverte du
métier au jour le jour, en quelque sorte!
Pour
tout contact, voyez directement avec Cécile: CECILEROSSIGNOL@aol.com
ou sur le forum
du Projet Albion Pour
que ça change: la parole est à vous
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13 Juin 2002 - Chronique 6
Bonjour,
Voici ma dernière chronique puisque aujourd'hui je suis en vacances.
Je vais tâcher de vous raconter dans l'ordre tous les faits marquants de cette fin d'année de stage.
Tout d'abord ma titularisation.
J'ai été inspectée dans ma seconde affreuse et mes élèves ont vraiment vraiment tout fait pour que ça se passe bien. Ils n'ont pas parlé français (ou presque), ils n'ont pas bavardé (ou presque), ils avaient amené leurs affaires, lu le texte sur lequel on allait travailler, et ont fait de leur mieux pour répondre aux questions. Incroyable, mais vrai ! "On se tiendra tranquilles pour vous, Madame", qu'ils m'ont dit !
En fait, j'ai stressée pendant tout le cours parce qu'ils n'avançaient pas et qu'on n'a pas eu le temps de faire tout ce que j'avais prévu, et j'avais peur que ça fiche tout par terre, mais l'inspectrice ne m'en a pas tenu rigueur. L'entretien s'est bien passé: on a repris le cours point par point, en disant ce qui allait bien, ce qui n'allait pas, et ce qu'il aurait fallu faire, comme pour une visite conseil d'IUFM. Bref, ça m'a vraiment apporté quelque chose.
Ça m'a aussi fait chaud au cœur de voir que mes élèves avaient fait un véritable effort pour moi. Ça veut dire qu'ils m'aiment bien (oui, je sais, on n'est pas là pour être aimé, mais bon quand même, ça fait plaisir...). Au cours suivant, ils m'ont demandé si l'inspectrice avait été contente, et de voir qu'ils s'en préoccupaient m'a aussi fait très plaisir.
Ensuite, j'ai appris le jour de mon inspection que j'étais envoyée sur l'académie de
Versailles l'an prochain (ce fut vraiment une journée forte en émotions...). J'espérais pouvoir rester sur Paris, mais les barèmes ont remonté de 30 points par rapport à l'an passé... Ça, ça va pas être pratique pour mon
DEA (que je compte terminer l'an prochain).
Ce n'est qu'après cette affectation que je me suis intéressée de près au système de points pour les
vœux en intra-académique. Je n'ai pas été déçue... C'est un cauchemar, un calvaire absolu. Il y a des tas de finesses et de subtilités qu'on ne peut soupçonner que si on s'y plonge à fond!
Par exemple, on a 90 points quand on est agrégé sur les vœux de lycées, MAIS, ces 90 points ne sont pas cumulables avec des points de rapprochement de conjoint. Il faut choisir: soit on privilégie sa vie familiale, soit sa vie professionnelle, mais pas les deux! 25 ans, mariée, agrégée, et en plus mutée dans un bon bahut? Faut quand même pas déconner: ça serait trop pour une seule personne!
Autre exemple de renseignement écrit nul part (ou sûrement écrit quelque part mais en si petit que je ne l'ai pas trouvé) et pourtant essentiel: si aucun de nos
vœux d'affectation n'est "exaucé", on est affecté en extension, c'est-à-dire en gros, là où il reste une place parce que personne n'a voulu y aller. OR, c'est notre
vœu au barème le plus faible qui est retenu pour fixer notre barème d'extension. Vous n'avez pas compris la phrase précédente? C'est normal: relisez-la. Toujours pas? J'explique:
En tant que nouvelle dans l'Educ' Nat', j'ai comme tout le monde 21 points incompressibles. Si je fais des voeux de lycées, en tant qu'agrégée, je bénéficie de 90 points supplémentaires, ce qui fait donc un total de 111. Mais si dans ma liste de
vœux, je fais un vœu de collège, mon barème sur ce vœu sera de 21. Alors, au moment de l'extension, c'est le barème 21 qui sera retenu. Je me retrouverai en queue de liste des profs à affecter en extension, et tous ceux qui auront plus de points que moi seront affectés avant moi. D'où le risque de me retrouver dans un coin vraiment super chaud. Adieu, donc, les collèges tranquilles près de Paris; me voilà, lycée du fin fond de la banlieue... Bon, j'arrête d'écrire sur le sujet car je sens bien que ça dérape...
Revenons à mes chers affreux (ie mes élèves), et à la fin d'année. Les temps forts de la dernière longueur avant les vacances furent les manif' anti-Le Pen, et la deuxième saison du Loft... Ces deux sujets furent, pendant quelques cours, leurs uniques préoccupations, les 9 dixièmes du temps en français, et parfois en anglais (Marlène is gooooood! Leslie is a bitch...).
Autre élément essentiel à ne pas négliger quand on a devant soi des ados privés de filles (classes de garçons): c'est l'arrivée du printemps et le réveil des hormones. C'est l'horreur... Étant la seule prof de moins de 30 ans de mes deux classes (et quasiment du bahut), j'ai dû essuyer toutes les plaisanteries graveleuses, et tous les sous-entendus douteux possibles et imaginables. Heureusement, c'est toujours resté plutôt mignon et fait dans un esprit de rigolade (sauf une fois où j'ai trouvé une capote sur mon bureau après la fin du cours et ça, ça m'a vraiment vénère
[note du webmaster: mon dieu elle est contaminée.... ;-)))]).
Enfin, le mois de juin est arrivé, avec ses conseils de classes tant redoutés. En première, le passage en terminale est quasi automatique. Donc, pas trop de casse, même si l'appréciation qu'on lit le plus souvent sur les bulletins toutes matières confondues est: niveau insuffisant! Dans ma seconde, par contre, ça a été l'hécatombe... Certains redoublent, beaucoup partent en BEP, la plupart de ceux qui passent, passent ric-rac, et un seul élève va en première générale (scientifique). Bref le conseil ne fut pas une partie de plaisir: certains désaccords sur certains élèves ont créé des tensions entre les profs. J'imagine que c'est toujours comme ça, ou que je prends les choses trop à
cœur, mais ça m'a fortement contrariée.
Sitôt les conseils passés, sitôt les élèves envolés. Il leur restait une semaine de cours, mais seuls les profs venaient au lycée... Ce qui me chagrine, c'est que je n'ai pas eu l'occasion de leur dire au revoir et bonne chance comme je l'aurais voulu. J'aurais voulu leur dire que même s'ils étaient des pénibles et des affreux insupportables, je m'étais attachée à eux (et que c'est sans doute même pour cette raison que je m'étais attachée à eux, mais cela, je ne l'aurais pas dit...).
J'ai par contre réussi à savoir que ce n'était pas dans mon cours qu'ils étaient les plus terribles, mais que c'était chez deux autres profs chevronnés: c'est ma grande fierté! Pendant toute l'année, j'ai été persuadée, que c'était forcément pire chez moi que chez les autres, et ça m'ennuyait beaucoup... Mais je m'étais en fait trompée! Tout n'est donc pas perdu pour la suite! J'ai donc un minimum d'autorité! Quel soulagement!!!
En tous cas, je ne suis pas prête d'oublier ma première année d'enseignement, ni mes premiers élèves.
Ce fut une année très dure, beaucoup plus dure pour moi que pour beaucoup de stagiaires car mes classes étaient plus que difficiles à gérer (entre parenthèses, c'était largement prévisible et merci à celui qui me les a refilées), mais ce fut une année extrêmement enrichissante à de nombreux égards. Si je ne suis toujours pas un monstre de la pédagogie, j'ai appris cette année l'esprit de répartie. Je ne me laisse plus démonter par grand-chose, et quand je le suis, je crois que ça ne se voit pas trop. Alors mes élèves de l'an prochain n'ont qu'à bien se tenir: Here I come, prête pour de nouvelles aventures et comprenant le verlan dès le début de l'année cette fois (et ça, mine de rien, ça les impressionne!).
Bon, bon, j'en écrirais des pages...
J'espère que ces chroniques vous ont intéressés, du moins apporté quelque chose. En tous cas, elles furent pour moi un plaisir à écrire car elles m'ont permis de dire ce que je ressentais vraiment.
Si vous avez des questions ou si vous voulez réagir, vous avez mon e-mail et bien sûr le forum.
Merci encore une fois pour vos nombreux mails de soutien,
Cécile Rossignol
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Dernière mise-à-jour: 13/06/2002
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