Delphine from Harvard

Les chroniqueuses
du Projet Albion

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Delphine

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Chronique 2 - 02/12/2001

Bonjour bonjour,

Voici une autre tardive chronique du monde merveilleux de Harvard.

- D'abord, je dois dire que je ne cesse de m'étonner des possibilités
infinies que donne l'argent: pour enseigner, ça fait pas mal le bonheur...
En tous cas, pour intéresser les étudiants a ce que je raconte, le fait de
pouvoir les envoyer au "labo" voir n'importe quel film sur les 50 télés,
ou de pouvoir avoir n'importe quoi - diapos, lecteur de CD, vidéo
(magnétoscope, mais aussi camera pour filmer les étudiants), Internet...-
a ma disposition pour 1 cours, juste en donnant 1 coup de fil la veille,
c'est vraiment bien et ça me fait avoir des idées, me motive a chercher
des trucs intéressants a faire, et du coup c'est plus intéressant, et les
étudiants sont contents, ça les change des photocopies N&B et ils sont
plus attentifs et ils apprennent plus. En plus, c'est indéniable qu'un
gros cheque a la fin du mois, ça motive plus pour s'investir dans son
travail que 3 kopecks vaguement au-dessus du SMIC. Bref, le paradis, cette
"université la plus riche du monde". Le retour en France - ou, certes, les
études ne coûtent pas 100 000 balles par an - va être dur...

- Sinon, j'écris pas beaucoup aussi parce que j'ai VRAIMENT plein de boulot.
En tant que TA, on est bien payes, et les profs le sont encore beaucoup
plus, mais la contrepartie, c'est qu'on bosse vraiment. Pour les profs, ça
veut dire être pas mal disponible pour les étudiants, faire des vrais
cours, et surtout, corriger des copies, des copies, des avalanches de
copies, encore des copies... J'en ai marre des copies, des "paragraphes",
des compositions, des examens de mi-semestre, des exercices de
grammaire!!! Enfin, je râle, mais je trouve ça vraiment bien, une fac ou
les profs sont obliges de bosser! Et, certes, ils délèguent pas mal aux
TAs, mais globalement, ils travaillent vraiment. Ma "coursehead", par
exemple (la prof pour qui je fais les cours), elle est dans son bureau
tous les matins a 9h, et elle y reste jusqu'a 5h, et elle a des vraies
heures de permanence, donne plein de devoirs qu'elle corrige, etc...
Combien de profs en France passent autant de temps a leurs taches
d'enseignement? (je sais, "et la recherche, et la recherche?!!", mais moi
je pense que l'enseignement c'est TRÈS important, et que souvent, en
France, c'est le cadet de leur soucis, alors même que la recherche fait
pas des bonds phénoménaux pendant ce temps...).

- Finalement, une remarque plus personnelle et anodine, je me rends compte
comme c'est difficile de pas avoir de chouchou, et comme c'est difficile
que ça soit pas des garçons, voire les moins laids des garçons... Je tente
de pas biaiser mes notes, mais je me demande si tout cela est bien juste.
Espérons que la beauté extérieure reflète la beauté intérieure!

Voila, c'est déjà bien long, à bientôt cette fois pour la suite,

Delphine

Chronique 1 - 29/09/2001

Je suis Teaching Assistant a Harvard, ds le dpt de
francais. J'enseigne 7 heures par semaine, un cours
dedouble de 3 heures par semaine (lun mer ven, 10-11
et midi-1h, la meme chose 2 fois), et 1 autre cours
qui est le TD d'un cours magistral, 1h par semaine le
vendredi. Voila. Je vais pas vous parler de Harvard en
general, sinon que c'est une universite americaine,
donc c'est plein de sous, mais encore plus parceque
c'est Harvard. Du coup, avec autant d'argent, ils ont
fait un cadre de travail et de vie en general
carrement idyllique. Et les bibliotheques, ici, elles
sont avec les livres en libre acces et ouvertes
jusqu'a minuit, et on peut emprunter les livres. C'est
vraiment le reve de l'utilisateur de bibliotheque
(contrairement a la France qui est son cauchemar...).

Sinon, pour le boulot que je fais, le fait que j'ai
mis tant de temps avant de vous ecrire un mot, c'est
deja une information: la rentree, c'est l'enfer, on se
retrouve a enseigner devant plein de gens alors qu'on
connait le contenu du cours depuis 3 jours, c'est fort
stressant. Surtout a cause du truc qui s'appelle la
"shopping period": les etudiants peuvent assister a
tous les cours qu'ils veulent pendant 10 jours, pour
voir si ca leur plait, et ensuite seulement ils
s'inscrivent. Du coup, a chaque cours (moi j'enseigne
3 fois par semaine), il y a des nouveaux a qui faut
distribuer les papiers, qui savent pas de quoi on a
parle avant, et puis surtout on est sous la pression
de savoir que si on est mauvais aujourd'hui, si ca
marche pas, s'ils comprennent pas, ils vont s'en aller
et si on a moins de, disons, 8 eleves, ca veut dire
qu'il faut arreter le cours, plus ou moins, et c'est
tres mauvais pour le prof qui a invente le cours (pour
qui on le donne), et pour l'amour-propre c'est
devastateur. Bon, moi, on m'a pas ferme de cours, mais
aller chaque fois en cours en se demandant combien
vont etre revenus, et en voir de moins en moins
parcequ'ils essaient des tas de trucs et restent a
peu, c'est vraiment dur. Finalement, maintenant, ca va
mieux, je commence a avoir l'habitude d'enseigner, et
les etudiants qui sont restes c'est que ca leur plait
et ils sont adorables.

Ca, c'est la deuxieme chose que je dirais sur cette
rentree americaine: les etudiants, ca a rien a voir
avec la France. En France essayez de faire repondre
une classe a des questions... ouais, exactement. Ici,
ils ont vraiment envie d'apprendre (forcement, le bon
cote du "shopping c'est que s'ils restent c'est que ca
leur plait...), ils essaient toujours de repondre aux
questions, parfois meme il faut decider qui va
repondre parcequ'ils sont 4 a vouloir a la fois... En
plus ils font plutot bien leurs devoirs etc, et ils
sont vraiment tres tres gentils dans l'ensemble...
C'est un reve de prof ces etudiants, je sais pas si
c'est Harvard ou si c'est partout comme ca, mais je
crois que c'est assez generalement americain.

Voila, ca va peut-etre aller pour aujourd'hui, en tous
cas ma premiere conclusion c'est que je suis naze mais
vraiment contente d'etre ici, loin des tracas de
l'universite francaise, dans une chouette ville
(Boston c'est sympa) et une fac de reve (surtout que
je paye pas pour y etre, au contraire, ils me
payent...).

Nos 4 "drôles de dames":

Meryem à Reading (UK)

Raphaelle à Birmingham (UK)

Catherine à Brown (USA)

Delphine à Harvard (USA)